Entrée de la voûte, 2013

10 ans comme archiviste à la Société historique Pierre-de-Saurel

Le 26 septembre prochain marquera les 10 ans de mon arrivée parmi le personnel de la Société historique Pierre-de-Saurel. Pour ce texte, je voulais vous faire découvrir quelques-unes des facettes du travail d’archiviste peut-être moins connu du public et qui, à l’occasion de cet anniversaire, me semblaient appropriées.

Contact avec les donateurs

Il faut avoir des talents de négociateurs pour convaincre les donateurs de l’opportunité que représente la conservation de leurs documents dans notre voûte, de participer à la conservation du patrimoine régional, ainsi que de rendre le tout accessible au public. Pour ce faire, il faut établir une relation de confiance avec le donateur en faisant preuve de tact, de patience et d’empathie lors de l’étape charnière du don. Cela nous permet de rencontrer autant des membres de la classe politique, culturelle, sportive que des anciens employés des industries ou des commerçants locaux. Ces rencontres nous permettent de développer notre connaissance de l’histoire locale, primordiale pour comprendre les subtilités spécifiques à une région pour évaluer la pertinence des acquisitions.

Contact avec les chercheurs

Ces 10 dernières années m’ont appris que les chercheurs peuvent provenir de tous les endroits. Bien qu’ils puissent « être du coin », d’autres proviennent du Canada anglais, des États-Unis ou aussi loin que la Guadeloupe, la Belgique et la Tunisie. Le plus souvent, les contacts se font d’abord par des moyens de communication virtuels, mais certains se déplacent en personne dans nos locaux.  

En outre, les chercheurs peuvent être une source de connaissance pour l’archiviste s’il sait écouter. Lors d’une conversation avec un client, qui nous raconte des pans de sa vie personnelle ou professionnelle, il est possible d’identifier des informations entre les lignes qui nous permettent de préciser la recherche du client.  

Contact avec les documents

Vous connaissez certainement l’adage : « Autres temps, autres mœurs » ou « Une image vaut mille mots ».Et bien, le domaine de l’archivistiquen’y fait pas exception. Les documents témoignent des mœurs de leur époque et de l’évolution de celles-ci. Même si les archivistes sont formés pour manipuler quotidiennement ces documents, il n’en reste pas moins que la nouveauté ou la curiosité sur le contenu ou l’historique d’un dossier, d’une photographie ou une carte, ne nous quitte jamais.

Depuis mon arrivée en poste, la classification générale d’un fonds d’archives a peu changé, mais nous avons travaillé la présentation des descriptions archivistique destinée au public. Par exemple, certaines images peuvent choquer (on pense au réalisme des photographies prises lors d’un accident routier) ou attrister (la veillée des morts se faisant dans les salons des résidences familiales des défunts) et ainsi un nouveau terme a été créé pour avertir les chercheurs, les « traumavertissements ».

L’inscription de ce mot dans une description d’archives indique : « Avertissement émis afin d’indiquer qu’un contenu a le potentiel de provoquer l’apparition ou l’exacerbation de symptômes associés à un trouble de stress post-traumatique chez les personnes vulnérables ou présentant une telle condition. »[1]

D’autres archives, si elles amènent une réaction moins viscérale, peuvent tout de même comporter des éléments sensibles propres à chacun. On pense ici aux secrets de familles ou aux termes spécifiques ou péjoratifs trouvés lors de la lecture de document textuel ou iconographique. Certains seraient tentés d’en changer la description lors du traitement, mais par respect pour l’intégrité du contenu et du contexte de création du document, les descriptions sont inchangées.

Participation aux activités de diffusion internes ou externes

Si les nouvelles technologies se proposent d’abord comme un conduit positif (rejoindre un public plus large, transfert instantané et simplifié des informations, etc.) elles comportent aussi des effets négatifs. Par exemple, ils rendent la tâche de l’archiviste comme gardien et protecteur des droits de diffusion plus ardue. Cette responsabilité est particulièrement testée lorsque vient le temps de permettre la consultation ou la diffusion d’archives. Nous devons parfois freiner les ardeurs des passionnés d’histoire qui aiment partager des photographies ou qui désire consulter des archives dont l’accès est restreinte.

L’un des aspects du travail de l’archiviste qui a peut-être le plus radicalement changé est celui des technologies. Par exemple, les types de formats qui supportent les documents ont augmenté de manière significative. Cela a entraîné une modification des activités d’acquisition, de traitement et de diffusion.

C’est aussi le cas des formats obsolètes et les nouveaux formats souvent éphémères, complexifie la tâche aux archivistes. La gestion d’un service d’archives nécessite de disposer de nombreux équipements de lecture et de logiciels. Sans eux, la lecture des documents devient impossible et les informations contenues sur le support sont inaccessibles. La veille technologique est devenue un enjeu majeur pour les services d’archives qui travaillent à la conservation permanente des documents.

Au printemps 2023, un nouveau programme d’aide financière a été proposé aux membres du RSAPAQ par Bibliothèque et Archives du Québec (BAnQ) nommé « programme d’aide au virage numérique » qui a l’objectif de stimuler l’achat d’équipement spécifique au transfert de support et de stockage de données.

Le Regroupement des services d’archives privées agréés du Québec (RSAPAQ) s’est mobilisé pour créer la plate-forme de diffusion LaVoûte.tv, résultat d’une vaste opération de transfert de support. C’est un parfait exemple où l’aspect préservation et de diffusion s’est joint.

Quelques statistiques pour illustrer l’évolution du service d’archives

Le bilan de ses 10 ans de travail à la SHPS se compte en partie en compilant les statistiques des acquisitions auxquelles nous avons procédé, ainsi que le traitement que nous avons effectué.

En 2013, à mon arrivée, nous recensions 295 fonds, alors qu’actuellement nous en comptabilisons plus de 370. Nous avons acquis pendant cette période environ 140 mètres linéaires de documents textuels, iconographiques, cartographiques et audiovisuels. Outre les acquisitions, nos activités de traitement pendant ces 10 dernières années nous ont permis d’ajouter près de 12 000 nouvelles descriptions dans notre base de données.

Salle de traitement, bureau de Daphnée
Ancien bureau de l’archiviste, 2012-2013. En plein traitement.

L’Équipe

Si le métier d’archiviste peut sembler assez solitaire à première vue, il n’en est rien. Tout ce travail n’aurait pu être réalisé sans l’apport de plusieurs collègues. Vous me pardonnerez de ne pas tous les nommer, mais je tiens néanmoins à souligner l’accueil de Mylène Bélanger, ainsi que le travail de Carl Veilleux qui nous a quittés après plusieurs années de services. J’aimerais également souligner l’apport de la section historique et de diffusion de la SHPS, qui est menée depuis plusieurs années par l’historienne Amy Cournoyer, titulaire d’une maîtrise en histoire.

Plus récemment, de nouveaux collègues possédant leurs certificats universitaires en gestion des archives et des documents se sont joints à nous. Luka Bordeleau-Lambert et Marion Tétreault-de Bellefeuille ont insufflé un vent de renouveau et nous ont permis de répondre à la demande croissante en diffusion et en traitement. Finalement, la nomination de notre premier directeur général, Geoffrey Shayne Packwood, assure le suivi administratif et financier des opérations de notre organisme et bien plus!

Je n’oublie pas les membres du conseil d’administration qui sont indispensables à la bonne marche de nos opérations. En particulier le travail de feu Luc Poirier, président à mon arrivée et jusqu’à son décès en 2017, de Louise Biron, de feu Roland Plante et de Madeleine Blanche Lussier, qui ont grandement contribué au développement des activités de diffusion ces dernières années. Je souligne également l’apport des anciens présidents Pierre Potvin, Jocelyn Daneau et de l’actuel président Benoit Paquette, ainsi que celui des membres du conseil d’administration avec qui j’ai eu le plaisir de collaborer depuis ces 10 dernières années.


[1] Office québécois de la langue française, « traumavertissement », [En ligne], URL : https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26560347/traumavertissement (Consultée le 29 août 2023).

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