Chaque année, le printemps arrive avec son lot de plaisirs. La neige fond, la nature reprend vie et tous bénéficient du long congé pascal pendant lequel notre consommation de chocolat atteint son comble. Il en était un peu différemment autrefois pour nos ancêtres qui célébraient la Quasimodo, faisaient le carême et récoltaient l’eau de Pâques.
Pour ceux qui n’ont jamais eu vent de cette dernière tradition, il s’agit d’un rituel religieux pratiqué dans les pays chrétiens. Cette tradition consiste à récolter l’eau qui coule des ruisseaux tôt le matin de Pâques. Cette eau nouvelle et fraîche aurait, selon la croyance, des vertus miraculeuses.
On la récoltait autrefois pour ses pouvoirs de guérison contre les maladies et pour sa protection contre certaines catastrophes naturelles. Il suffisait d’en boire ou d’en asperger des objets. Certains en aspergeaient leur maison ou leur bâtiment de ferme à l’aide d’un rameau béni le dimanche précédant pour éloigner les mauvais esprits ou pour garantir de bonnes récoltes. Comparable à l’eau bénite, l’eau de Pâques avait la particularité de ne pas se corrompre d’une année à l’autre.
Cette cueillette devait toutefois réunir quelques conditions pour garantir son efficacité. D’abord, l’eau devait être récoltée dès l’aube, avant le lever du soleil, puis devait provenir d’une source d’eau courante. Certains diront ensuite qu’il fallait la ramasser en silence, d’autres en priant. Mais la plupart s’entendent pour dire qu’il était important de la recueillir à contre-courant. Pour ceux et celles qui se baignaient directement dans la source, on raconte également que cette eau avait le pouvoir de ralentir le processus de vieillissement.
Outre ses fonctions miraculeuses, la récolte de l’eau de Pâques était aussi une occasion pour se recueillir devant le lever du soleil qui, selon la légende, « danse » le matin de Pâques pour souligner la résurrection du Christ. L’auteure Anne-Marie Desdouits, nous rappelle d’ailleurs le lien évident qui réunit la résurrection du Christ et le renouveau printanier. « Car Pâques, c’est aussi – et ce n’est pas un hasard si l’Église en a fixé la date en fonction de l’équinoxe – l’annonce du renouveau de la nature »[1], souligne-t-elle dans l’article Au rythme des fêtes et des saisons.
Donc, quelles que soient les croyances et les traditions, les ruisseaux qui dégèlent et les jours qui rallongent sont « signes annonciateurs du retour des beaux jours »[2] et « la joie pascale est manifeste »[3]. Voilà de belles raisons pour profiter de la saison et faire un brin de sérénité !
Légende : Photo d’un ruisseau de Sainte-Anne-de-Sorel prise le 9 avril 1974 par le journal La Voix dans le cadre d’un reportage portant sur le dégel. (SHPS, Fonds La Voix; P027, S10,SS7, SSS4, D2.)
[1] DESDOUITS, Anne-Marie, « Au rythme des fêtes et des saisons », Cap-Aux-Diamants, Numéro 26 (Été), 1991, p. 12.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
Catégorie(s) : Histoire du Québec
Bonjour,
Peut-on toujours récupérer l’eau de Pâques en 2024 ? Est-elle potable ?
Nous sommes très intéressé.
Joyeuse Pâques
Bonjour,
Théoriquement, il est possible de récupérer de l’eau de Pâques dans n’importe quel ruisseau.
Ceci dit, elle n’a pas été traitée à travers un système d’aqueduc, où les minéraux et bactéries sont contrôlés. L’eau devrait donc être considérée comme étant contaminée. Au minimum, toute eau extérieure devrait être bouillie pour éviter de tomber malade. Nous éviterions d’aller en récolter.
Bonne journée.