Bureau, cartes et plans de Sorel Industries.

Mise en valeur du Fonds P001, Sorel Industries

L’industrie sidérurgique a joué un rôle très important dans le développement économique de Sorel-Tracy. Une de ses entreprises phares était Sorel Industries Limited, laquelle a été impliquée dans la fabrication de munitions durant la Deuxième Guerre mondiale. La forte demande pour la construction de char d’assaut et de pièces d’armement encourageait alors le développement technologique, autant pour les produits fabriqués que pour la machinerie utilisée en usine, ce qui a fait la réputation de l’entreprise. La Société historique Pierre-de-Saurel est donc chanceuse de posséder une partie des archives de cet organisme, présentée ici à travers des documents textuels et iconographiques.

Documents iconographiques

Le fonds d’archives de Sorel Industries (P001) contient maintes photographies qui documentent les avancées réalisées par l’entreprise. De la fonderie aux chaînes de montage, en passant par les ateliers de dessins d’ingénierie, pratiquement chaque étape est photographiée. Ces documents iconographiques, majoritairement en noir et blanc, montrent autant des scènes de métal en ébullition, giclant vers le haut, que l’immensité de l’usine à travers laquelle s’étendent des centaines de missiles ou de canons.

On y voit les ouvriers affairés à boulonner, visser, mesurer ou couper différentes pièces de métal ainsi que le résultat de leur labeur. Outre l’armement, Sorel Industries fabrique à la fois des pièces spécifiques pour de la machinerie, des machines pour d’autres entreprises et même des tiges et poteaux pour l’installation de lignes électriques.

La qualité esthétique de ces photographies est indéniable, un fait qui s’explique par le talent des personnes embauchées pour réaliser ce contrat. L’un des responsables, Joseph-Armand Desjardins est bien connu. Il est le fils de Charles-Tancrède Desjardins, qui s’était établit à Sorel en 1879 comme photographe. Père et fils ont un studio au 70, rue Roi1. Outre leurs productions industrielles, ils sont connus pour leurs photographies de la vie de tous les jours : classes d’école, équipes de hockey, portraits de famille, événements, etc. À l’étude des images prises de Sorel Industries et de ses ouvriers, il est évident que le niveau de leurs compétences est celui d’un photographe professionnel et de talent. La composition des images, les jeux de lumière, les clairs-obscurs, la netteté de l’image et les sujets en sont la preuve.

Documents textuels

Mais il n’y a pas que des photographies dans le fonds de Sorel Industries. Il contient plusieurs mètres linéaires de document textuels : notamment des pamphlets sur la machinerie, les commandes les bons de livraisons de produits, les documents préalables à la réalisation de projets, les états financiers, les calculs budgétaires, les contrats de clients et de grands fournisseurs (comme Shawinigan Water and Power Company) et de la correspondance.

Parmi celle-ci, on retrouve une lettre entre Henri Olivier, vice-président de Sorel Industries, et Charles Meili, président de Beloit, de Sorel Industries, qui témoigne d’une certaine proximité émotionnelle entre les deux hommes. Plus encore, cette courte correspondance à la particularité de nous indiquer les détails de leur vie courante, dont la mention d’un certain « Monkey ». S’il n’est pas spécifié qui est ce Monkey, mais on sait qu’il semble très cher à Charles Meili puisque ce dernier écrit :

 « Cher Henri,

J’étais en train de préparer notre Monkey et je dois honnêtement avouer qu’il a changé, dans mon esprit, d’un défi à un rappel et à un porte-bonheur! Je sais que nous avons convenu et j’ai promis que je devrais le retourner dans les six prochaines semaines, mais je voudrais qu’il soit avec moi pour un peu plus longtemps.

Il m’est un rappel constant de nos débuts – toi et moi élaborant nos arrangements et rêvant des possibilités pour Beloit-Sorel au Canada. Pour cette raison, il m’est d’une certaine valeur, en ce moment.

Les commandes, et les autres bonnes choses qui semblent nous arriver sont, bien sûr, entièrement de la responsabilité de Simone et de ses amies. Remercie-la et demande-lui de les remercier pour moi. »2


« Dear Henri,

I have been in the process of packing ourMonkey and I must honestly confess that he has changed, in my mind, from a challenge to rather  reminder and a good luck charm! I Know that we made a deal and I promise that I shall return him withhin the next six weeks but I would like him to be with me just a bit longer.

He is a constant reminder to me of our early days – with you and me hammering out arrangements and dreaming g the possibilities of Beloit-Sorel in Canada. For that reason he is of some value to me at this time.

The orders, and other nice things hat seem to be happening to us, of course are entirely the responsability of Simone and her Friends. Thank her and ask her to thank them fo me. »3

Nous n’avons pas la réponse d’Henri Olivier, mais une deuxième lettre de Meili, écrite trois mois plus tard, suggère que le premier a accepté de laisser la garde de Monkey à la famille Meili :

« […] C’est avec grande réticence que je retourne, pour votre protection et, j’ai confiance, tendres soins, notre Monkey. Je vais beaucoup m’en ennuyer bien que je réalise qu’il veut rentrer à la maison et je me conforte en sachant qu’il est entre de bonnes mains. […] »4

« […] It is with great reluctance that I return  for your protection and, I trust, tender care, our Monkey. I will miss him very much although I realise he doeswant to be home and I takes comfort in the fact that he will be in good ands. […] »5

S’il est impossible de savoir exactement qui est ce Monkey, nous pouvons supposer qu’il s’agit d’un animal de compagnie, peut-être un chat ou un chien, qui serait grandement apprécié de Charles Meili, mais aussi du reste de sa famille.

Conclusion

Le fonds Sorel Industries est présentement dans les dernières instances de son traitement. Plusieurs informations se trouvent encore dans des boîtes intouchées, attendant d’être mises en lumière. Pour le moment, la majorité des documents iconographiques sont prêts à être consultés, ainsi que certaines correspondances, contrats, projets et documents techniques.

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Le traitement du fonds P001 a été rendu possible grâce à la subvention à l’aide au traitement distribuée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec.


  1. Roland Plante, « Charles-Tancrède Desjardins photographe », Sorel-Tracy Magazine, 12 février 2019 [En ligne], URL : https://www.soreltracy.com/chroniques/courrielsaurelois/2019/fev/12f1.html, (Consultée le 25 juillet 2023). ↩︎
  2. Traduction libre par l’autrice. Société historique Pierre-de-Saurel, Fonds Sorel Industries, P001,S8,SS1,SSS4,D41. Beloit International. ↩︎
  3. Ibid. ↩︎
  4. Ibid. ↩︎
  5. Ibid. ↩︎
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